La maladie à corps de Lewy

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Les manifestations de la dysautonomie dans la MCL

La dysautonomie peut fortement impacter la qualité de vie, car elle s’ajoute aux autres symptômes de la MCL (troubles cognitifs, hallucinations, fluctuations de vigilance, parkinsonisme).

Chez les personnes atteintes de MCL, la dysautonomie peut se traduire par :

  • Ces symptômes peuvent précéder ou accompagner les troubles cognitifs et moteurs.
  • Ils impactent fortement la qualité de vie, parfois autant que les symptômes cognitifs ou moteurs.
  • Leur prise en charge repose sur une approche pluridisciplinaire (neurologie, médecine générale, cardiologie, urologie, diététique, kinésithérapie, etc.).

Prise en charge

  • Mesures non médicamenteuses : hydratation suffisante, bas de contention, lever progressif, alimentation adaptée, rééducation vésicale ou digestive.
  • Traitements médicamenteux possibles selon les symptômes (par exemple fludrocortisone pour l’hypotension orthostatique, traitements spécifiques pour les troubles urinaires ou digestifs).
  • Accompagnement psychologique : soutien aux proches et au patient face à la gêne et à la dépendance induite.

Le Dr Kurt Segers met en garde sur les effets de certains médicaments sur les symptômes urinaires

« Les inhibiteurs d’acétylcholinestérase, utilisés pour traiter les troubles cognitifs de la MCL comme le donepezil, la rivastigmine et la galantamine peuvent aggraver les symptômes urinaires. Parfois, arrêter ce traitement ou diminuer la dose peut faire disparaître le problème d’incontinence. Les médicaments anticholinergiques peuvent faire s’améliorer les problèmes urinaires mais ils peuvent aggraver les problèmes cognitifs existants ou mener à une confusion aiguë. Les médicaments plus récents contre l’incontinence ont moins d’effets secondaires cognitifs mais sont plus chers. En Belgique, ils sont remboursés par la mutuelle si la demande est introduite par un neurologue ou un gynécologue. » Dr Kurt Segers, La démence oubliée – Comprendre la maladie à corps de Lewy, Politea, p. 101.

Les critères de diagnostic du Dr Ian McKeith

Sur le plan clinique, les symptômes de la MCL ont été formalisés par le Dr Ian McKeith, qui a établi les critères de référence utilisés à l’international pour poser le diagnostic.

  • Comportementaux (ex. : troubles du sommeil, changements d’humeur ou d’attention),

Ces critères permettent de distinguer la MCL des autres pathologies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson, et sont aujourd’hui la base du diagnostic médical de la maladie.

Un déclin progressif des fonctions cognitives (mémoire, attention, langage, raisonnement…) qui finit par interférer avec les activités de la vie quotidienne.

Pour poser un diagnostic probable, il faut au moins deux de ces signes. Un seul suffit pour évoquer un diagnostic possible :

  • Fluctuations importantes des capacités mentales : changements notables de l’attention, de la concentration et de la vigilance au cours d’une même journée,
  • Hallucinations visuelles fréquentes, bien formées et réalistes (ex. : voir des personnes ou des animaux qui ne sont pas là),
  • Troubles du sommeil paradoxal (REM sleep behavior disorder) : la personne bouge, parle ou crie pendant ses rêves,
  • Syndrome parkinsonien : raideur musculaire, lenteur des mouvements, tremblements, troubles de la marche.

Ces symptômes ne sont pas obligatoires, mais renforcent la suspicion de MCL :

  • Réaction négative aux neuroleptiques (antipsychotiques), avec aggravation des troubles,
  • Dysautonomie : troubles de la déglutition, hypotension orthostatique (baisse de tension debout), constipation, troubles urinaires précoces,
  • Idées délirantes (ex. : paranoïa, fausses croyances),
  • Hypersomnie (somnolence excessive en journée),

La procédure de mise en observation

Dès qu’il reçoit la requête de mise en observation, le juge de paix demande la désignation d’office d’un avocat, pour assister la personne dont la mise en observation est demandée. L’assistance de l’avocat est obligatoire en raison de la gravité des mesures qui peuvent être prises. L’avocat est le porte-parole de la personne, il veille au respect de ses droits.

Dans les 24 heures du dépôt de la requête :


  • soit le juge de paix n’est pas compétent ou la demande est incomplète. Alors, il rejette la demande.

  • soit le juge de paix estime que la demande est recevable. Alors, il fixe la date à laquelle il rend visite au malade (dans les 10 jours du dépôt de la requête).

    Le juge rencontre le malade à son domicile ou à l’endroit où il se trouve, en présence de son avocat et éventuellement d’un médecin psychiatre de son choix et d’une personne de confiance. Le juge se fait accompagner d’un médecin – expert. Le juge auditionne toutes les personnes (proche, médecin, assistant(e) social(e), etc.) susceptibles de fournir des renseignements utiles tant d’ordre médical que social.


Dans les 10 jours du dépôt de la requête, le juge de paix prend sa décision. S’il estime qu’une mise en observation est nécessaire, il désigne le service psychiatrique chargé de celle-ci. Le choix du service psychiatrique est laissé à l’appréciation du juge de paix, mais il peut tenir compte des souhaits de la personne. La mise en observation a une durée de maximum 40 jours.


La décision du juge de paix peut toujours être contestée, il faut pour cela faire appel auprès du tribunal de première instance.

Aides et soutien non médicamenteux

À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif pour la MCL. La prise en charge repose sur le traitement des symptômes.

Une approche pluridisciplinaire (médecin, kiné, ergothérapeute, orthophoniste, psychologue…) est essentielle pour accompagner le malade dans l’évolution de sa maladie.

Prendre soin de la relation

 Faire preuve d’empathie

Stimuler les sens

  • Les perceptions sensorielles restent intactes, même dans un stade avancé. Favorisez l’apaisement par : des massages aux huiles parfumées, des objets aux textures variées (peluches, bois, tissus doux), le toucher (caresses, poignées de main, baisers, massages),

⚠️ Évaluez toujours si la malade apprécie ou non ces gestes pour éviter d’accentuer l’ agitation.

Adapter la communication

Langage verbal

Langage non verbal

Comprendre le sens de ses comportements

Maintenir la cohérence et la constance

Favoriser un environnement rassurant

Trouver le sens des troubles du comportement

Références :

https://alzheimer.be/la-maladie-dalzheimer/la-communication/https://www.lappui.org/fr/je-suis-aidant/comprendre-la-situation-de-mon-proche/alzheimer-et-maladies-neurodegeneratives-apparentees/communiquer-avec-une-malade-atteinte-de-troubles-neurocognitifs/

La méthode de validation (Naomi Feil)


  • Plutôt que de la contredire :
    « Non, votre mère est décédée. »
    préférez :
    « Vous pensez à votre mère ? Elle vous manque peut-être en ce moment… »
  • Agitation, colère, retrait : cherchez le besoin sous-jacent (peur, solitude, fatigue, douleur…).
  • Ne vous arrêtez pas à la forme : le fond porte un message.

4. On ne peut pas ne pas communiquer: même sans mots, la personne s’exprime par : regard, gestes, posture, respiration…


Attitudes – clés à adopter

AttitudeApplication concrète
Écoute empathiqueLaissez la personne exprimer son monde sans corriger ni juger.
Présence authentiqueRestez disponible, sans distraction. Soyez avec elle, pas contre ou au-dessus.
Respect du rythmeParlez lentement, bougez calmement. La patience apaise, la précipitation déstabilise.
Reformulation bienveillanteRépétez doucement pour valider ses paroles.
Observation continueRepérez les signaux non verbaux : silences, mimiques, gestes…

⚠️ Ce qu’il faut éviter


Petites phrases utiles dans l’esprit de la Validation


Ce que cela permet



📚 Source :
Munsch-Roux K., Munsch F. (2008). La méthode de validation de Naomi Feil. Une pratique thérapeutique innovante en gérontologie ?

 Troubles de l’humeur et dépression dans la maladie à corps de Lewy : des signes souvent invisibles

Mais attention : chez certaines personnes âgées, ces signes peuvent passer inaperçus ou être confondus avec d’autres symptômes de la maladie.

Une cause neurologique, pas seulement psychologique

La dépression et l’anxiété aggravent souvent les autres symptômes :

• elles augmentent la confusion et la lenteur mentale,

• elles limitent la participation aux activités sociales,

• elles pèsent lourdement sur les proches aidants.

Reconnaître et traiter ces troubles est essentiel pour améliorer la qualité de vie, à la fois du patient et de son entourage.

Comment peut-on aider ?

• les antidépresseurs peuvent être utiles, en particulier ceux qui agissent sur la sérotonine, mais il faut éviter certains médicaments qui pourraient aggraver les symptômes cognitifs ou moteurs.

• parfois, de faibles doses de traitements dopaminergiques peuvent aider à améliorer l’humeur et l’apathie.

• la psychothérapie adaptée, surtout de type soutien émotionnel ou thérapie comportementale, peut être très bénéfique.

• la stimulation sociale et cognitive, comme les activités de groupe, les jeux ou la musique, aide à maintenir un lien avec les autres.

• un environnement rassurant et structuré permet de réduire l’anxiété.

Le rôle essentiel des proches

Les troubles de l’humeur dans la maladie à corps de Lewy sont parfois subtils. C’est souvent l’entourage qui remarque que « quelque chose ne va pas ». En parler avec l’équipe soignante est une étape essentielle. Un diagnostic précoce permet une prise en charge adaptée et plus efficace.

En résumé

Dans la maladie à corps de Lewy, les troubles de l’humeur comme la dépression sont fréquents mais sous-estimés. Ils ne sont pas simplement une réaction à la maladie, mais font partie intégrante des symptômes. Une prise en charge globale — médicale, psychologique et humaine — peut faire une vraie différence.

L’hypersomnie

Changer de regard pour mieux communiquer

Avant tout, il peut être aidant de revoir la manière dont on perçoit le malade et la relation que l’on entretient avec lui :

  • Garder à l’esprit qu’il fait de son mieux pour s’adapter à ses difficultés d’expression et de compréhension,
  • Se souvenir que, même en cas de confusion, sa réalité reste la sienne, et qu’il mérite d’être accueilli avec respect et bienveillance ;

⚠️ certains facteurs concrets peuvent entraver la communication : troubles de la vue ou de l’audition, douleurs dentaires, inconfort physique…,

Lorsque les mots viennent à manquer, d’autres formes de communication prennent le relais : un regard, un geste apaisant, une chanson familière, un album photo à feuilleter ensemble, une promenade…

Ces gestes simples, ancrés dans le quotidien, permettent de préserver un lien affectif, même lorsque le langage verbal devient difficile.

Quand les mots ne suffisent plus : oser une communication différente

La communication mixte combine plusieurs canaux pour préserver le lien

Avec l’évolution de la maladie, les échanges verbaux peuvent devenir incertains, confus voire impossibles. Il devient alors nécessaire de mobiliser d’autres formes de communication.

  • Les mouvements explicites : montrer, désigner, accompagner un mot d’un geste peut faciliter la compréhension et rassurer,

Ces approches non verbales permettent au malade de continuer à exister dans la relation, même lorsque les mots s’échappent.
Maintenir le lien, même dans les formes les plus fragiles de la communication…
Même lorsque parler ou comprendre devient difficile, le besoin de communiquer demeure. Le malade peut encore chercher à exprimer quelque chose à travers un regard, un mouvement, une intonation.
Selon sa personnalité, son histoire et ses ressources, la personne malade peut continuer à chercher des moyens de s’exprimer, parfois en inventant inconsciemment de nouveaux codes relationnels.
Il est alors précieux de :

Cinq pistes pour communiquer avec un malade atteint d’un trouble neurocognitif

Vous pouvez utiliser les éléments que vous connaissez de lui : qu’est-ce qu’il aime?

– Utilisez ces connaissances pour lui suggérer des sujets de conversation ou des activités qu’il pourrait aimer,

– Entretenez ses compétences et capacités. Concentrez-vous prioritairement sur ce qu’ il peut encore faire,

– Lorsqu’il doit faire un choix, proposez -lui quelques options qui, vous le savez, lui plairont.


Réduisez les distractions

– Soyez attentif aux distractions visuelles ou auditives dans son environnement et minimisez -les,

– Prenez en compte tout problème de la vue ou de l’ ouïe qu’ il pourrait avoir,

– Ayez un contact visuel avec la personne malade pour focaliser son attention.


Faites face à la personne malade

– Evitez de lui parler si vous êtes derrière lui, ou s’il ne peut pas vous voir,

– Parlez lentement et clairement en utilisant des phrases simples et courtes,

Parlez et démontrez, faites des gestes pour donner du sens à vos paroles.


Faites preuve de flexibilité


– Les capacités du malade peuvent changer d’un jour à l’autre; aussi, prenez un moment au début de la conversation pour évaluer comment il se sent,

– Faites attention aux changements de comportement et au langage corporel qui pourraient indiquer comment il se sent. Adaptez -vous le cas échéant,

– Lorsque la personne malade ne peut communiquer verbalement, communiquez avec les sens. comme le toucher.

Restez positif

– Faites attention au ton de votre voix et votre langage corporel. Adaptez -vous,

– Acceptez plutôt que de corriger et encouragez,

– Quand vous vous sentez dépassé, prenez du recul et respirez,

Prenez soin de vous également et demandez de l’ aide quand vous en avez besoin !

Références :
https://www.canada.ca/fi/sante-publique/services/maladies/demence/feuille-conseils-comment-
communiquer.html (gouvernement du Canada). Télécharger le rapport complet (Format PDF, 1, 198 ko, 2 pages). Organisation : Santé Canada, Publiée : 2022-07-26