La maladie à corps de Lewy

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LA MALADIE À CORPS DE LEWY (MCL), QU’EST-CE QUE C’EST?

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Une maladie neuro évolutive complexe parce qu’elle touche plusieurs zones du cerveau

Une maladie neuro évolutive encore méconnue

Une reconnaissance clinique tardive

Une maladie encore trop souvent sous-estimée

Malgré cette reconnaissance relativement récente (il y a un peu plus de 40 ans), la MCL reste encore largement méconnue, même parmi les professionnels de santé.

Cette méconnaissance contribue directement à un diagnostic tardif ou erroné, et donc à une prise en charge inadaptée pour de nombreux malades.

Rendre cette maladie plus visible est donc un enjeu majeur de santé publique, pour permettre un repérage plus précoce, une meilleure orientation des patients, et un soutien plus adapté aux aidants.

Une maladie aux multiples visages

La MCL se manifeste par un ensemble de symptômes variés qui peuvent évoluer dans le temps et différer d’un malade à l’autre. Elle touche à la fois les fonctions cognitives, les capacités motrices, le comportement, et certaines fonctions corporelles automatiques.

Parmi les signes les plus fréquents, on retrouve :

des troubles cognitifs : difficulté à réfléchir, à raisonner ou à se concentrer

des fluctuations mentales : moments d’alerte alternant avec des phases de confusion ou d’absence

des hallucinations, le plus souvent visuelles

des délires ou idées fausses persistantes

des troubles du sommeil, notamment des comportements nocturnes agités en lien avec un sommeil paradoxal perturbé

des symptômes moteurs : rigidité, lenteur des mouvements, tremblements

de la désorientation dans le temps ou l’espace

de l’anxiété

une constipation persistante

des troubles urinaires, souvent précoces…

Des symptômes souvent trompeurs

Les premiers signes de la MCL sont souvent confondus avec ceux d’autres maladies comme la dépression ou la bipolarité voir la schizophrénie, la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Cette confusion est fréquente car les manifestations initiales peuvent être subtiles et non spécifiques.

Cette confusion peut mener à des erreurs thérapeutiques graves : en particulier, l’usage de neuroleptiques (médicaments antipsychotiques) est hautement risqué dans le cadre de la MCL, car il peut aggraver les symptômes moteurs et cognitifs, voire entraîner des effets secondaires potentiellement mortels.

Une maladie difficile à vivre

La MCL est une expérience éprouvante à la fois pour la personne malade et son entourage. Les symptômes sont multiples, fluctuants et parfois déconcertants, ce qui peut rendre le diagnostic tardif et la prise en charge compliquée.

En comprenant mieux la maladie, en reconnaissant ses signes précoces et en s’appuyant sur les bons professionnels, il est possible d’améliorer la qualité de vie du malade et de soutenir efficacement les aidants.

Une maladie particulièrement déstabilisante

A tous ces symptômes s’ajoute une caractéristique déroutante : les fluctuations de la MCL.

Les jours — et même les heures — ne se ressemblent pas. Une personne peut passer en quelques heures d’un état apparemment normal à une confusion marquée, puis revenir à un meilleur état, parfois de manière inattendue, ce qui désoriente souvent les proches.

Reconnaître ces changements rapides et imprévisibles est essentiel pour mieux adapter l’accompagnement, limiter les malentendus, et offrir au malade un environnement aussi sécurisant et compréhensif que possible. Pour les aidants proches, ces repères constituent des balises précieuses qui les aident à anticiper et à adapter leurs réactions ainsi que l’environnement.

Une expérience douloureuse

La MCL confronte le malade à une réalité particulièrement difficile : il perçoit peu à peu la perte de contrôle sur sa vie, tout en gardant, dans bien des cas, une lucidité partielle sur la dégradation de son état.
Cette conscience intermittente de ses difficultés peut provoquer angoisse, frustration ou tristesse. De leur côté, les proches assistent impuissants à cette évolution, souvent déstabilisés par les hauts et les bas de la maladie, sans toujours savoir comment aider ni comment réagir.

Face à cette incertitude permanente, un accompagnement bienveillant et informé est essentiel, autant pour la personne atteinte que pour ceux qui l’entourent.

Quel traitement ?

À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif pour la MCL. La prise en charge repose sur le traitement des symptômes.

Une prise en charge optimale repose sur une approche pluridisciplinaire mobilisant divers spécialistes (neurologue, gériatre, psychiatre, médecin, kinésithérapeute, ergothérapeute, logopède, psychologue…), indispensable pour accompagner l’évolution de la maladie.

LES TRAITEMENTS

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Le Professeur Bernard Hanseeuw était intervenu lors du colloque de janvier 2024, avec un sujet s’intitulant : « MCL: Pronostic et traitements »:

  • faites la liste complète et précise des médicaments que le malade prend (nom, posologie, dosage,…) et apportez – la lors du rendez-vous. Cela vaut aussi pour les hospitalisations ou prises en charge aux urgences
  • observez et documentez soigneusement les effets des médicaments
  • entre chaque rendez-vous médical, tenez un « carnet de bord » de l’expérience du quotidien : par ex. chutes, perturbations liées au sommeil vécues (nombre de levers nocturnes, temps de somnolence diurne) …

Partagez la liste des médicaments et les informations rassemblées avec le médecin. Profitez – en pour vous informer sur l’évolution possible de la maladie, ce qui vous permettra de mieux reconnaître les symptômes et de vous y préparer.

LEWY BODY DEMENTIA ASSOCIATION (LBDA) a mis au point un « suivi mensuel des symptômes » utile à compléter de rdv médical en rdv médical :

Quelques points d’attention

Seul le neurologue ou le médecin traitant qui connaît la MCL est apte à prescrire les médicament appropriés : jamais d’automédication ! Consultez le neurologue avant toute modification de traitement et respectez strictement la prescription médicale (ex : dosage)

Le malade présente une hypersensibilité aux neuroleptiques qui risquent d’aggraver les symptômes de la maladie. Les neuroleptiques, et en particulier les neuroleptiques de première génération sont à proscrire car ils peuvent entraîner :

  • des chutes (hypotension orthostatique),
  • une aggravation des troubles cognitifs et de la confusion,
  • des délires et hallucinations accrues,
  • un syndrome malin des neuroleptiques (potentiellement mortel) : fièvre, rigidité, trouble de la conscience, instabilité tensionnelle…
  • une aggravation du syndrome parkinsonien,

Prendre soin d’une personne atteinte de MCL : les clés au quotidien.

La MCL s’accompagne de nombreux défis physiques, cognitifs et émotionnels :

Traitement médicamenteux

  • Les médicaments comme le donépézil ou la rivastigmine (inhibiteurs de la cholinestérase) peuvent améliorer l’attention, la mémoire et limiter les fluctuations cognitives.
  • Ils sont souvent utilisés en première intention pour ralentir le déclin cognitif.
  • Attention: peut être mal supporté car troubles digestifs
  • Attention: pas chez les patients avec d’importants troubles cardiaques (bradycardie…), donc avis cardiologue
  • soyez patient : laissez le temps au malade de s’exprimer
  • aidez à retrouver le fil : contexte, indices visuels ou verbaux
  • si la conversation devient tendue, utilisez la technique du coq à l’âne pour détourner l’attention
  • privilégiez les consignes simples et uniques, une tâche à la fois
  • créez des routines visuelles (ex : toujours poser lunettes au même endroit)
  • simplifiez l’environnement : peu encombré, contrastes de couleur pour se repérer
  • travaillez la parole dans le plaisir (balades, observations…

TRAITEMENT DES TROUBLES MOTEURS

Traitement médicamenteux

  • kinésithérapie : lutte contre la rigidité, apprend à prévenir et gérer les chutes
  • activité physique adaptée : marche douce, danse, jeux de ballon…
  • rollator pour sécuriser les déplacements
  • encouragez l’autonomie : couper les légumes, s’habiller, se brosser les dents…
  • maintien de la masse musculaire : alimentation équilibrée + compléments protéinés si besoin
  • aménagement du domicile avec un ergothérapeute : supprimer les tapis, installer rampes, tapis antidérapants, guides lumineux…
  • contactez votre mutuelle ou service social pour bénéficier de certains services gratuitement

Traitement médicamenteux

  • maintenir un rythme régulier : coucher/lever à heure fixe
  • instaurer un rituel apaisant (lecture, lumière tamisée…),diminution à l’exposition lumineuse progressive le soir
  • activité physique et sociale en journée
  • exposition à la lumière du matin (30 min) → favorise l’endormissement

TRAITEMENT DES HALLUCINATIONS ET DES IDÉES DÉLIRANTES

Traitement médicamenteux

Par exemple, une patiente dit calmement : « Il y a un petit garçon assis sur le fauteuil depuis ce matin. Il ne parle pas, mais je le vois bien. »

On traitera avec donepezil ou rivastigmine

On privilégie la clozapine (Leponex) ou la quétiapine (Seroquel), deux neuroleptiques dits atypiques.
La clozapine est souvent plus efficace, mais nécessite une surveillance biologique étroite (prise de sang régulière , toutes les semaines pendant 18 semaines puis 1 fois par mois) en raison du risque d’agranulocytose (baisse sévère des globules blancs)

Mesures utiles:

Traitement médicamenteux

SSRI (ex. : Sertraline),


Éviter le citalopram qui entraine une aggravation des troubles cognitifs sans amélioration du moral

Approches non médicamenteuses :

  • psychothérapie individuelle : pour aider à surmonter angoisses et pertes de motivation
  • thérapies d’expression : art-thérapie, musicothérapie, aromathérapie, balnéothérapie…
  • groupes de parole : pour retrouver un sentiment de soutien
  • présence empathique : l’attention bienveillante des proches est essentielle

Prudence avec les benzodiazépines!

Utilisées pour leur action anxiolytique, les benzodiazépines peuvent provoquer brutalement une perte cognitive, des hallucinations et rendre paradoxalement plus anxieux.

⚠️ Neuroleptiques classiques : à éviter absolument

En résumé

  • combiner traitements et accompagnement personnalisé
  • favoriser l’autonomie sans forcer
  • adapter l’environnement pour plus de sécurité
  • prendre soin du corps… et de l’esprit

Vous êtes aidant ? N’hésitez pas à demander de l’aide. Des professionnels, des groupes de soutien ou des services sociaux peuvent vous accompagner. Vous n’êtes pas seul.

La liste des symptômes repris dans cette fiche informative est loin d’être exhaustive.
Les informations médicamenteuses sont inspirées du travail du Dr Frédéric Blanc (Hôpital de Strasbourg, en France).

URGENCES DE SAINT LUC

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Et si on en parlait?

https://www.saintluc.be/fr/unite-de-crise-et-urgences-psy