La dysautonomie est un élément fréquent mais parfois méconnu de la maladie à corps de Lewy.
La dysautonomie désigne un dysfonctionnement du système nerveux autonome : celui qui contrôle automatiquement les fonctions vitales comme la tension artérielle, le rythme cardiaque, la digestion, la transpiration ou encore la régulation de la température.
Dans la maladie à corps de Lewy , ce système est fréquemment atteint. Les dépôts anormaux de protéines (corps de Lewy) perturbent la communication nerveuse, entraînant des troubles autonomiques parfois précoces et souvent invalidants.
La dysautonomie peut fortement impacter la qualité de vie, car elle s’ajoute aux autres symptômes de la MCL (troubles cognitifs, hallucinations, fluctuations de vigilance, parkinsonisme).
Manifestations possibles dans la MCL
Chez les personnes atteintes de MCL, la dysautonomie peut se traduire par :
- Troubles de la régulation de la pression artérielle : hypotension orthostatique (chute de tension en position debout), étourdissements, évanouissements.
- Troubles digestifs : constipation chronique, vidange gastrique ralentie.
- Troubles urinaires : urgences mictionnelles, incontinence ou rétention.
- Troubles de la sudation et de la thermorégulation : intolérance à la chaleur, transpiration excessive ou insuffisante.
- Troubles sexuels : dysfonction érectile ou baisse de la libido.
Importance clinique
- Ces symptômes peuvent précéder ou accompagner les troubles cognitifs et moteurs.
- Ils impactent fortement la qualité de vie, parfois autant que les symptômes cognitifs ou moteurs.
- Leur prise en charge repose sur une approche pluridisciplinaire (neurologie, médecine générale, cardiologie, urologie, diététique, kinésithérapie, etc.).
Prise en charge
- Mesures non médicamenteuses : hydratation suffisante, bas de contention, lever progressif, alimentation adaptée, rééducation vésicale ou digestive.
- Traitements médicamenteux possibles selon les symptômes (par exemple fludrocortisone pour l’hypotension orthostatique, traitements spécifiques pour les troubles urinaires ou digestifs).
- Accompagnement psychologique : soutien aux proches et au patient face à la gêne et à la dépendance induite.
Le Dr Kurt Segers met en garde sur les effets de certains médicaments sur les symptômes urinaires
« Les inhibiteurs d’acétylcholinestérase, utilisés pour traiter les troubles cognitifs de la MCL comme le donepezil, la rivastigmine et la galantamine peuvent aggraver les symptômes urinaires. Parfois, arrêter ce traitement ou diminuer la dose peut faire disparaître le problème d’incontinence. Les médicaments anticholinergiques peuvent faire s’améliorer les problèmes urinaires mais ils peuvent aggraver les problèmes cognitifs existants ou mener à une confusion aiguë. Les médicaments plus récents contre l’incontinence ont moins d’effets secondaires cognitifs mais sont plus chers. En Belgique, ils sont remboursés par la mutuelle si la demande est introduite par un neurologue ou un gynécologue. » Dr Kurt Segers, La démence oubliée – Comprendre la maladie à corps de Lewy, Politea, p. 101.