Les symptômes

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Le syndrome parkinsonien (troubles moteurs)

Au fil de l’évolution de la maladie, la majorité des personnes atteintes de MCL développent des symptômes moteurs similaires à ceux observés dans la maladie de Parkinson. Ces signes, regroupés sous le terme de syndrome parkinsonien, incluent notamment :

  • Des tremblements (plus rares et moins marqués que dans la maladie de Parkinson),
  • Une hypokinésie (ralentissement et réduction des mouvements),
  • Une rigidité musculaire, souvent discrète.

Troubles de la marche et risque de chutes

La démarche devient hésitante, avec des petits pas et une perte de fluidité dans les mouvements. Les risques de chute sont accrus, en particulier dans les situations nécessitant une double tâche (par exemple : marcher tout en parlant ou en répondant à une question).

Les facteurs qui aggravent ces risques :

  • Les troubles de la vision,
  • Les fluctuations attentionnelles,
  • L’hypotension orthostatique (chute de tension en position debout).

Après une chute, la peur de tomber peut entraîner un repli sur soi, une réduction des déplacements et donc un déconditionnement musculaire, ce qui alimente un cercle vicieux de perte d’autonomie.

MCL vs maladie de Parkinson : des différences notables

  • Les tremblements sont moins fréquents et souvent absents au repos.
  • Le tableau moteur est généralement plus symétrique : par exemple, la raideur ou la lenteur touche les deux côtés du corps de manière plus équilibrée que dans la maladie de Parkinson, où les symptômes sont souvent asymétriques au début.

Hypokinésie faciale et troubles associés

L’hypokinésie ne touche pas uniquement les membres : elle affecte aussi le visage, rendant les expressions plus figées. Le malade cligne moins des yeux, ce qui peut donner l’impression d’un retrait émotionnel ou d’une dépression.

Ce ralentissement facial entraîne :

  • Une réduction de la déglutition (hypersalivation),
  • Des difficultés d’élocution (voix faible, articulation moins claire),
  • Une moins bonne intelligibilité lors des échanges verbaux.

Accompagnement et prévention

Les interventions des kinésithérapeutes et ergothérapeutes sont fondamentales pour :

  • Prévenir les chutes,
  • Maintenir la mobilité et l’équilibre,
  • Adapter l’environnement de vie pour sécuriser les déplacements,
  • Prolonger l’autonomie et retarder l’entrée en institution.

⚠️ Attention aux neuroleptiques : Certains médicaments antipsychotiques peuvent induire ou aggraver un syndrome parkinsonien chez les personnes atteintes de MCL. Leur utilisation doit être strictement encadrée.

Les troubles cognitifs

La maladie à corps de Lewy (MCL) entraîne une dégradation progressive des fonctions cognitives, suffisamment importante pour perturber les activités de la vie quotidienne.

🔍 MCL vs Maladie d’Alzheimer : comprendre les différences

🧩 Fonction affectée🧠 MCL🧓 Maladie d’Alzheimer
MémoireRelativement préservée au débutAltération précoce du stockage de nouvelles informations
Fonctions exécutivesTroubles précoces : difficulté à organiser ou enchaîner des actions simplesMoins touchées au début
Fonctions visuospatialesPrésence fréquente de :– Agnosie (objets non reconnus)– Prosopagnosie (visages non reconnus)Troubles plus rares ou plus tardifs

📌 Ce qu’il faut retenir

• La MCL provoque une atteinte cognitive différente de celle d’Alzheimer.

• Les troubles visuospatiaux et exécutifs apparaissent plus tôt.

• Un diagnostic précis est essentiel pour adapter l’accompagnement et les soins au quotidien.

Les illusions visuelles : une mauvaise interprétation du réel

Contrairement aux hallucinations, les illusions visuelles s’appuient sur un élément réel dans l’environnement, mais qui est perçu de manière incorrecte par le cerveau.
Autrement dit,
les yeux voient bien, mais le cerveau interprète mal l’information.

Par exemple une ombre mouvante peut être vue comme une silhouette humaine, une corde posée au sol peut être prise pour un serpent.

Ces erreurs de perception sont fréquentes dans la maladie à corps de Lewy et peuvent être exacerbées par l’environnement, notamment :

  • une lumière faible ou changeante,
  • des ombres mal définies,
  • une solitude prolongée ou un manque de stimulation relationnelle.

Dans ces conditions, le cerveau, en manque d’indices visuels clairs, “devine” ce qu’il croit voir… mais se trompe parfois

Les troubles visuo-spatiaux (qui ne sont pas des problèmes ophtalmiques)

Les retentissements dans la vie quotidiennes peuvent être importants. Ils peuvent limiter le malade dans ses sorties (peur de se perdre). Le malade peut ne plus trouver des vêtements rangés dans sa garde-robe. Le fait de ne pas reconnaître les objets peut entraîner des illusions (voir fiche technique « hallucinations et illusions »), des angoisses, des symptômes liés au syndrome du crépuscule (voir fiche pratique « le syndrome du crépuscule »)…

 MCL VS maladie d’Alzheimer : ces difficultés et ces dysfonctions visuospatiales (désorientation, difficulté à reconnaître des objets « agnosie » , ou des visages « prosopagnosie »), peuvent apparaître très tôt, et sont beaucoup plus fréquentes dans la MCL que la maladie d’Alzheimer et les autres maladies dégénératives.

Les atteintes des fonctions exécutives

MCL vs Maladie d’Alzheimer : des différences clés:

• Dans la MCL, les troubles exécutifs (comme suivre les étapes pour préparer un repas) et les dysfonctions visuospatiales (désorientation, difficulté à reconnaître des objets « agnosie » , ou des visages « prosopagnosie »), peuvent apparaître très tôt,

Les troubles du langage (compréhension et expression).

La MCL peut entraîner des troubles du langage (aphasies) qui affectent :

L’expression : les mots se perdent, sont remplacés par d’autres plus simples, ou deviennent confus,

La compréhension: la personne malade comprend de moins en moins bien ce qu’on lui dit au fil de l’évolution de la maladie.

Le discours devient parfois de moins en moins intelligible, avec des propos incohérents ou hors contexte, souvent influencés par : la confusion mentale, les illusions ou hallucinations, les idées délirantes.

Les troubles du langage sont liés à plusieurs facteurs : des troubles cognitifs mais également des troubles moteurs parkinsoniens et des fluctuations attentionnelles.
Au niveau cognitif, les troubles du langage sont liés à des difficultés de compréhension, la difficulté à formuler des phrases complexes, la difficulté à trouver les mots, une confusion possible dans les mots utilisés.

Les troubles du sommeil et le sommeil paradoxal (anomalie du sommeil durant la phase des rêves)


Les troubles du sommeil paradoxal (ou sommeil REM, pour Rapid Eye Movement) peuvent apparaître plusieurs années avant l’apparition des autres symptômes de la maladie à corps de Lewy. Ils constituent l’un des marqueurs précoces les plus caractéristiques.

Comportements nocturnes inhabituels
Pendant cette phase de sommeil, normalement associée aux rêves, certaines personnes miment physiquement leurs rêves : ce sont les comportements dits « acting out ».

Le malade peut :
• Bouger brusquement les bras ou les jambes,
• S’asseoir sur le lit, se lever, voire tomber,
• Parler, crier ou exprimer des émotions fortes,
• Avoir des rêves intenses, désagréables ou violents, qui le poussent parfois à se débattre contre la personne qui dort à ses côtés.
Ce comportement nocturne est souvent ignoré ou minimisé au début, d’autant que le malade n’en a pas toujours conscience. C’est généralement le conjoint ou la personne qui partage le lit qui en fait le signalement, en remarquant une agitation anormale ou des interactions physiques pendant la nuit.


⚠️ Un symptôme révélateur… mais pas exclusif
Bien que présents chez 80 % des malades atteints de MCL, ces troubles ne sont pas spécifiques à cette maladie. Ils peuvent aussi apparaître chez des personnes souffrant d’autres formes de démence, comme la maladie d’Alzheimer, notamment lorsqu’il s’agit de formes mixtes avec des corps de Lewy.

À noter également : tous les patients ayant des troubles du sommeil REM ne développeront pas nécessairement une MCL.

Un critère clinique reconnu
Ces troubles du sommeil REM font aujourd’hui partie des critères diagnostiques retenus pour identifier la MCL. Leur identification précoce, souvent grâce aux témoignages des proches, peut jouer un rôle clé dans l’orientation diagnostique.

Les troubles de la mémoires

Ils peuvent ressembler à une maladie d’Alzheimer mais le plus souvent ils sont secondaires à un trouble de la concentration avec une atteinte de la mémoire de travail. Le malade va mettre du temps à aller rechercher ses souvenirs dans sa mémoire de stockage.


MCL vs Maladie d’Alzheimer : des différences clés
Dans les premiers stades de la MCL, la mémoire peut être relativement bien préservée, contrairement à ce qui se passe dans la maladie d’Alzheimer.

Dans la maladie d’Alzheimer, les premiers signes concernent plutôt le stockage de nouvelles informations dans la mémoire à long terme. Autrement dit, les personnes oublient rapidement ce qu’elles viennent d’apprendre ou de vivre.

Les hallucinations, en particulier visuelles, sont un symptôme central de la MCL.

👁️ Les hallucinations dans la MCL : un signe clé… mais pas toujours présent

🔊 Auditives : entendre des voix, des bruits
👃 Olfactives : sentir des odeurs inexistantes
Tactiles : ressentir un contact ou une pression
🧠 On parle d’hallucinations unimodales : elles touchent un seul sens à la fois.

😵 Une expérience étrange… parfois bien vécue

🧠 Ces hallucinations sont d’origine neurologique, pas psychiatrique !

Elles peuvent provoquer :

😨 Anxiété
😱 Peur
🛡️ Comportements défensifs ou agressifs


Mais parfois aussi :

😐 Être neutres
😊 Ou même agréables

⚠️ Ce syndrome est encore méconnu, même dans le monde médical, ce qui explique que certaines personnes soient orientées vers des services psychiatriques, alors qu’elles n’ont pas de trouble psychique. Environ 1 % des malades atteints de SCB sont hospitalisés à tort pour cette raison.

🧭 En résumé

✅ Les hallucinations sont fréquentes dans la MCL, mais pas systématiques
🧠 Ce sont des manifestations neurologiques, pas psychiatriques
🧍‍♂️ Le malade peut parfois en parler, ou au contraire les cacher
💬 L’entourage a un rôle essentiel pour rassurer, accompagner, comprendre
💊 Le traitement n’est envisagé que si les hallucinations deviennent gênantes ou dangereuses

Dans la MCL, les fluctuations sont très fréquentes et constituent l’un des signes distinctifs de la maladie.

Elles se marquent par des changements imprévisibles dans la concentration, l’attention, la vigilance et l’éveil.

Le malade passe par des moments où il est alerte, mène des activités cognitives normales puis passe à un moment « off ». Il peut alors avoir un « regard dans le vide » pendant une longue période, être somnolent, confus, avoir un langage difficilement compréhensible… Ces changements peuvent se faire d’un jour à l’autre ou même d’une minute à l’autre.

🔍 Comment se manifestent ces fluctuations ?




Les fluctuations cognitives et de vigilance sont des signes caractéristiques de la Maladie à Corps de Lewy (MCL). Il est crucial que les proches et les soignants soient attentifs et prennent des notes détaillées sur l’évolution de l’état du malade. Ces fluctuations méritent une attention particulière pour ajuster le suivi médical et améliorer la qualité de vie du malade. Le malade n’étant pas conscient de ces fluctuations ne les relèvera pas et pourra même s’opposer aux constats des proches.